Fumisterie



Fumisterie
Par besoin de s’afficher, Valérie Pécresse s’offre régulièrement des petites tribunes dans le Figaro pour annoncer ses mesurettes grotesques censées régler les graves problèmes de l’université. L’université française est morte. Quiconque la connaît de l’intérieur ne se fait plus aucune illusion. Mais par inconscience, irresponsabilité, on continue de la maintenir sous perfusion. Bien entendu les premiers à en pâtir ce ne sont point les agents administratifs ni le personnel enseignant, indéboulonnable, mais les jeunes étudiants dans leur ensemble qui, hélas, par leur passivité et leur mollesse d'esprit, donnent le bâton pour se faire battre. Non seulement l’enseignement dispensé en fac est médiocre mais, pire que tout, les perspectives qui s’offrent à eux sont insignifiantes. La Fac est destinée à «former» des profs de l’Education Nationale. C’est son seul but. Le reste n’est qu’illusion et fumisterie. Donc Valérie Pécresse ment. D’ailleurs il suffit de lire les réactions des français exilés aux propos récents de Valérie Pécresse annonçant qu’elle souhaitait mettre un terme à la «fuite des cerveaux» pour prendre conscience du gouffre qui sépare les décisionnaires politiques du monde universitaire, pris dans son ensemble. Car aucun domaine n’est préservé : physique, biologie, math, sciences humaines etc… le désastre est intégral. [Vous trouverez ci-dessous en fichier-joint l'article en question et l'ensemble des commentaires]

Ces gens vivent dans une bulle technocratique qui les éloigne toujours plus de la réalité concrète d’un milieu qui doit être réformé de l’intérieur, avec poigne et lucidité. La solution provisoire la plus courageuse serait la fermeture pure et simple. N’importe quelle boîte est mise en liquidation judiciaire lorsqu’elle rencontre des difficultés financières et que ses perspectives sont bouchées. Il doit en aller de même pour l’université. Elle est en faillite. On la liquide. Point.
En plus Valérie Pécresse a une fâcheuse tendance à répondre à vos courriers avec des lettres types qu’elle se contente de signer. On ne sait même pas si elle a pris connaissance du dossier qui lui est adressé. Des hordes de conseillers font le filtre pour ne pas perturber «madame la Ministre». Ce procédé est irritant et achève de la décrédibiliser. C’est la loi, allez-vous me dire ; Et bien non ! J’ai reçu une réponse d’un proche conseiller de N. Sarkozy qui montre que l’irrespect n'est pas partagé par tous les hauts personnages de l’Etat.
fac.doc Fac.doc  (409.5 Ko)

08/11/2008
Sombreval

Tags : Université





1.Posté par Zabou_the_terrible le 08/11/2008 16:35
Hélas...

"La Fac est destinée à «former» des profs de l’Education Nationale. "

Et encore... Vous avez vu aussi les réformes qui se préparent du côté des concours de l'Education Nationale ?

2.Posté par Sombreval le 09/11/2008 13:07
Je n'ai pas chère Zabou le courage de me plonger dans leur prose administrative indigeste. J'ai lu d'un oeil un article sur le sujet. Je n'ai pas compris ce qu'ils veulent faire. Eux non plus d'ailleurs....

La suite du débat sur le Forum catholique :

3.Posté par Sombreval le 13/11/2008 11:37
Tiens, j'ai lu quelques lignes du texte officiel. Tout est très confus. Une chose est certaine : nos "réformateurs" ne touchent pas au sacro-saint concours de l'agrégation que les universités du monde entier nous envient. Comme le remarque Marc Hersant, Maître de Conférence à Université Bordeaux III,
« la modération apparente de la "réforme", en ce qui concerne l'agrégation, prend un sens tactique. Certes, la société des agrégés proteste à juste titre contre la défiguration du concours par l'ajout d'épreuves partiellement didactiques ou professionnelles. Mais elle se félicite de ce que le texte officiel présente l'agrégation comme un concours destiné à l'enseignement supérieur, et notamment, selon le texte officiel du ministère, au premier cycle de l'université. Si l'agrégation est relativement épargnée, c'est donc parce que le ministère entend remplacer progressivement les enseignants-chercheurs, en particulier dans les disciplines littéraires, par des agrégés qui présenteront le triple avantage d'assurer pour le même salaire deux fois plus d'heures de cours, de ne pas faire (du moins institutionnellement) de recherche, et de représenter un personnel de plus en plus docile recruté dans le cadre on ne peut plus capricieux et soumis à des exigences (ou à des relations) locales des "universités autonomes"».

Ils souhaitent également accentuer la professionnalisation des filières de "sciences humaines". Mais ils ne comprennent pas qu'une entreprise française ne recrutera pas un étudiant soupçonné d'avoir suivi un cursus contenant même un seul module consacré à l'étude de textes littéraires ou philosophiques. Il leur vaudra donc expurger ces filières de tout contenu intellectuel.
Les seuls étudiants qui émergeront seront donc les "agrégés" issus des prépas, de toutes les écoles où l'on cultive l"excellence républicaine", la fidélité à un idéal bi-centenaire et humaniste, où se forment des étudiants dévoués, fiers d'appartenir à cette "aristocratie" sans laquelle la France se meurt.

Plutôt que de recourir à la manipulation et d'user de la tromperie pour entretenir l'illusion que la France elle-aussi s'est ouverte à la "société du savoir", je préconise une méthode franche et expéditive, la seule qui vaille : la liquidation.

4.Posté par Zabou_the_terrible le 15/11/2008 23:39
Et vive Fabula pour cet article de Marc Hersant qui résume le mieux les choses à l'heure actuelle, me semble-t-il.

Quant à la liquidation, je ne vois pas en quoi elle améliorerait le problème je dois avouer.

5.Posté par Sombreval le 16/11/2008 11:05
Une université qui condamne ses meilleurs étudiants, ses docteurs à une situation d'exclusion dramatique ne mérite pas le nom d'université.
On refuse de réformer, de s'attaquer aux vrais problèmes, on liquide...
On préfère s'en prendre aux "petits" ou du moins à ceux qu'on considère comme tels (attention au renversement..) plutôt qu'à une caste d'individus pitoyables aggripés à leurs privilèges...on liquide.
On préfère humilier ses étudiants en "sciences humaines" ou en science tout court plutôt que risquer la moindre offense à l'encontre de banquiers irresponsables, de financiers, d'"entrepreneurs" véreux...on liquide.

Pour compenser la disparition des universités on créera des centres de loisirs pour agrégés. Ou alors ces derniers se contenteront de donner des cours sur le "Voyage de Bougainville" aux lycéens i-podisés. Ou alors des conférences-débats sur les valeurs humanistes françaises à l'Institut catholique ou le Collège des Bernardins. Mais qu'on cesse d'entretenir ces facs mouroirs.

S'il y a un seul texte à lire actuellement, c'est le discours d' Alexandre Soljénitsyne, prononcé à Harvard en 1978, au titre prophétique :" Le déclin du courage" :


6.Posté par Zabou_the_terrible le 24/11/2008 23:50
Merci pour ce texte réellement intéressant Sombreval.

Mais, que voulez-vous, je suis une indécrottable optimiste, je crois.

7.Posté par sarko-stick le 26/11/2008 00:34
Sur les tradinettes, c'est amusant et souvent vrai.
Mais il y a des filles libres, même en Tradiland, qui n'écoutent pas trop les abbés, qui , quant à eux, ne semblent pas penser par eux-mêmes. Je connais des exceptions !
Sur les Facs, c'est largement faux. Je le sais pour plusieurs raisons
1 - Je suis prof de Fac,
2 - ma fille "a fait" Saint-Pie X : et là, ... ce n'est pas ce qu'on prétend.... la densité de péronnelles ... sur lesquelles pleuvent des punitions mesquines, ça ne rend pas curieux, ni brillant, ni fraternel. Si elle avait été dans un grand lycée, elle ne rejetterait pas le religieux avec autant de raisons fondées.
3 - elle peut comparer : Grande Prépa, Grandes Ecoles et St Pie X.
Ce n'est pas à l'avantage de St Pie X ! Et surtout, ce n'est pas à St Pie X que l'on peut connaitre l'amour du Christ "qui dépasse toute créature".
A la Sorbonne, en Philo, on ne passe en Master qu'avec plus de 13 de µ, et ça élimine les touristes ... qui sont, souvent, à l'IPC ou à la Catho.
Le jour où ma fille a débarqué sur la Montagne Saint-Geneviève, elle ma dit : "je découvre l'intelligence". Et on ne peut lui donner tort.
Quant à Pécresse, elle fera ce que Sarkozy veut d'elle : faire disparaitre sournoisement - sous le concept d'Université concurrentielles - le modèle français au profit du "patern" anglo-saxon.

8.Posté par Sombreval le 27/11/2008 11:16
Je répète encore une fois : un délinquant est mieux traité dans la société française qu’un haut diplômé de nos facs françaises. En dehors des concours de la fonction publique il n’y a rien… La Fac ne vous permet même pas de diffuser vos travaux universitaires. Et elle ne vous garantit aucunement un emploi décent (et les petits boulots j'ai eu ma dose pendant mes études).
Voilà la réalité. Le reste c’est du blabla. Que le ministère se dépatouille tout seul dans son merdier, avec ses profs de linguistique et de stylistique, ses spécialistes du théâtre coréen, de Kant, ses syndicats de l’Education Nationale. Mais qu’il laisse à l’écart la jeunesse…

9.Posté par Sombreval le 27/11/2008 23:57
L'agrégation obligatoire, la thèse, les post-docs, les stages...puis le suicide.

Lu sur un site :
' Agrégée de philosophie, Marie-Claude Lorne, 39 ans, s’est jetée dans la Seine le 22 septembre 2008. Son corps a été retrouvé le 3 octobre 2008. Début septembre, elle avait reçu un courrier lui signifiant sa non-titularisation à un poste de maître de conférence à l’Université de Brest.
Marie Claude Lorne pilotait un séminaire, devait publier sa thèse et était bien insérée dans des réseaux de recherche internationaux qu’elle avait eu l’occasion de fréquenter au gré de son parcours doctoral (Oxford, Lund, Berlin). Elle avait obtenu une bourse de post-doctorat à Montréal dans un centre de recherche spécialisé dans son domaine et, eu égard à ses qualités de chercheuse, elle avait pu également bénéficier par la suite d’une bourse du CNRS ' etc...

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=46451

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