Jésus et la femme



Jésus et la femme
Ce texte est un court extrait d’un manuscrit d’Albert Frank-Duquesne, datant de la fin des années 40, Regards de Jésus-Christ (sur Dieu, sur l’homme, sur le péché). Le christianisme a tellement modifié la pensée des hommes, il a tellement rénové, refaçonné la notion même que nous avons de la femme, qu‘il nous est devenu impossible d’imaginer son ancien statut et la révolution que le Christ lui a fait subir. Bien entendu dans les sociétés «chrétiennes» il y a eu des périodes de régression, ainsi que le montre Léon Daudet, véritable féministe avant l’heure, dans un essai intéressant et parfois amusant, La Femme et l’amour (1930). Le code civil napoléonien par exemple a maintenu les femmes (mariées ou célibataires) pendant longtemps dans un statut juridique très défavorable. Les sociétés occidentales n'ont pas toujours été christianisées en profondeur. Elles sont sans cesse exposées au retour du paganisme (et aujourd'hui à des idéologies rétrogrades, comme en témoigne la polémique sur le burkini).

«... L’attitude du Christ envers la femme a totalement modifié sa situation dans le monde. Impossible de ne pas s’en apercevoir si l’on a quelque peu étudié la société païenne dans l’Antiquité classique ou tout bonnement non-chrétienne d’aujourd’hui. Dans l’ancienne Grèce, Platon seul a protesté contre l’étrange morale qui passe tout aux hommes et fait des femmes leur bétail (Lois, 8:341). Sans parler de l’esclave, assimilée aux objets, rappelons le rôle des courtisanes. Elles seules ont de l’instruction, de la culture. L’épouse, confinée dans le gynécée, vit dans une ignorance presque totale. Par contre, les prostituées constituent un corps social : à Corinthe, elles figurent officiellement dans les cortèges publics. Au centre du sanctuaire national, dans l’enceinte sacrée de Delphes, Phryné a sa statue. L’époux a sur l’épouse droit de vie et de mort. Laboulaye en donne de nombreux exemples dans ses Recherches sur la condition des femmes dans le Droit romain ; car, sous ce rapport, Rome s’est mise à l’école de la Grèce. On comprend le païen Caecilius reprochant à son interlocuteur chrétien, dans l’Octavius de Minucius Felix : «Vous nous avez imposé un Dieu gênant, un Dieu curieux, qui voit tout, nous regarde toujours et traite nos femmes comme nos égales». Écoutez le très vertueux Démosthène aux prises avec Isocrate : «Nous avons des hétaïres pour charmer nos loisirs, des courtisanes pour satisfaire nos besoins physiques, des épouses pour nous donner de jeunes citoyens et s’occuper de notre ménage». Et de nos jours, il y a la servitude islamique des femmes, la prostitution courante des fillettes par leurs parents en Extrême-Orient, la véritable excommunication sociale des veuves aux Indes… Sait-on qu’en 1948 les Juifs pieux récitent encore, chaque jour, cette prière : «Sois béni, Ô seigneur, notre Dieu, Roi de l’univers, car Tu ne m’as pas créé à l’état de femme» ? Quant à son épouse, elle doit remercier Dieu «de ce que Tu m’as créée selon ton insondable volonté», formule qu’une romancière israélite et contemporaine, Amy Levy, a corrigé comme suit : «Maudit sois-Tu, Ô seigneur, notre Dieu, car Tu m’as créé femme». C’est parce qu’il connaît ces prières juives, que saint Paul proclame à plusieurs reprises, et avec tant de vigueur, que, dans le Christ Jésus, il n’y a plus mâle ni femelle (par exemple, Gal, 3:28). Un orateur grec de la même époque, Dion Chrysostome, rapporte les traditions misogynes des Tarsiotes, en particulier, l’obligation pour les femmes de ne sortir que voilées. Nous retrouvons chez l’Apôtre, natif de Tarse, ces préjugés antiféminins, jusques et y compris le port du voile à l’assemblée eucharistique. Mais, plus d’une fois, Paul puise dans la tradition du Christ un respect nouveau, absolument inconnu jusqu’alors, pour la fille d’Eve. Dans l’Évangile, en effet, la moindre allusion du Christ à la compagne de l’homme est pleine d’estime, de sympathie. Pas une seule fois, il ne met en garde contre elle, alors que l’Ancien Testament fourmille de réquisitoires. Les plus déchues rencontrent en Lui une stupéfiante tendresse. Car il possède le secret d’être à la fois pur et indulgent : sa pureté n’a pas besoin de protection ; elle est elle-même une force purifiant, une contagion de pureté. Certaines de ses plus délicieuses paraboles empruntent leur mise-en-scène au travail de la femme : leurs personnages balaient, font du pain, rapiècent de vieux vêtements, égarent l’argent du ménage, etc. Lorsque le Seigneur prédit la ruine de Jérusalem, Il s’attarde à plaindre les femmes enceintes et les mamans qui allaiteront en ces temps catastrophiques (Luc, 21:23 ; Matt, 24:19). Tout le monde sait la place que, dans le troisième Évangile, occupent les amies du Sauveur ; certains critiques se sont même demandé si, parmi les sources verbales dont se réclame saint Luc au seuil de son récit, il ne faut pas, en première ligne, situer ces femmes, et surtout Jeanne, l’épouse de khouza, intendant d’Hérode (Luc, 8:3).

L’attitude révolutionnaire de Jésus vis-à-vis de la femme éclate à toutes les pages du Saint Livre. Le respect de nos compagnes est, pour le Christ, une loi fondamentale de son royaume. Sous ce rapport, Israël avait connu deux traditions : la plus noble est représentée par des prophétesses comme Débora et Holda, bien supérieures à la Sibylle et à Velléda, par la «femme forte» au chapitre 31 des Proverbes, et par ces filles de Job à qui «leur père donna une part d’héritage parmi leurs frères» (Job, 42:15), chose unique, inouïe en Orient ! Joël prophétise, comme saint Pierre le rappelle à la Pentecôte, que l’Esprit de Yahweh descendra sur les filles comme sur les fils d’Israël, et que leurs charismes seront les mêmes. Au seuil de l’Évangile, cette tradition gynophile trouve son expression la plus haute en la Très-Sainte Vierge. C’est à cette conception de la femme que se rattache le manifeste et profond respect que le Christ a témoigné à l’égard de toutes, même les plus déchues. C’est pourquoi Il accepte leur compagnie et leurs services au cours de sa carrière itinérante. Et voyez le mélange de juste sévérité, d’exquise courtoisie, de tendre bonhomie, et de familiarité sans l’ombre de vulgarité, qui préside à ses rencontres avec la Samaritaine et la femme adultère. Ce qui s’y trouve impliqué, c’est l'égale valeur spirituel des femmes et des hommes; mais quant à la nature de leurs fonctions respectives dans le cadre de la société, l’Évangile n'a pas dit un mot….»

Regards de Jésus-Christ, II, p.37-38 (Manuscrit)

16/08/2016
Sombreval






1.Posté par HR le 05/12/2017 09:28
Oui, mais ça mériterait quelques nuances. Le schéma selon lequel l'homme a naturellement tendance à réduire la femme à l'état d'esclave est un peu grossier.

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