La cartographie des shampooings par Nelly



La cartographie des shampooings par Nelly
La plus noble conquête de l'homme, c'est le cheveu. Hormis le style militaire hérité de la défaire de 1870, l'homme a toujours aimé les porter longs. La femme aussi, mais vous le saviez déjà.
Le poil ras promu par un sentiment belliqueux, relayé par l'idéal du « allure nette, cheveux courts, style scout » n'était en effet partagé auparavant que par les clercs de l'église d'occident. Et encore ! Les miniatures médiévales sont nombreuses qui nous montrent que, si le sommet de la tête était effectivement consacré à Dieu, le reste de la tignasse, lui, pendait vers le sol et vers l'esprit du monde.
De nos jours, le bon clerc estampillé V2, ou JMJ, ou J23, se compromet moins : c'est le règne du poil ras, de la bouille frictionnée au Bébé Cadum, de quoi faire ressortir la frimousse sur la soutane.
Les abbés et moines tradis l'ont bien compris : une tête rasée, ou presque, est plus facile à entretenir et plus rapide aussi. Du coup, on a plus de temps pour Dieu. Savon sur la tête, un petit coup de gant le matin, et cinq minutes de tondeuse tous les mois. Pas besoin de qualification, pas de produit spécifique, pas de temps perdu : c'est un résumé de l'esprit de pauvreté.
Les orientaux, eux, ont adopté une autre voie, illustrée récemment ici, où la sainteté se mesure à l'aune de la barbe et du poil. Ils rejoignent en cela le commun de l'humanité, obligé d'entretenir son système pileux.

Les produits conçus à cet effet ne manquent pas en France ; encore faut-il choisir les bons, encore faut-il savoir choisir. Le célébrissime DOP, le Fructis de Garnier, Elsève de l'Oréal sont des noms que tout le monde connaît. Les conditions de la vie moderne (stress, fatigue...) nous obligent bien souvent à alterner entre les marques et les gammes pour préserver la santé de nos cheveux. Gare aux effets d'accoutumance. Une cure prolongée de Fructis peut provoquer un excès de sébum à la racine. Les cheveux deviennent gras, le cuir chevelu picote, les pellicules apparaissent, et on a d'autres choix que de se rabattre sur un shampoing apaisant/fortifiant...Sans oublier le traitement anti-chute auquel nous devrions recourir une fois l'an pour préserver notre patrimoine capillaire. Tout cela est compliqué et exige beaucoup de temps...

Le jeune cadre dynamique en voyage, stressé par l'air sec de l'avion, les réunions en anglais, la nourriture tchèque, les glaçons camerounais et j'en passe, ne se soucie pas assez du soin de ses cheveux. Résultat, il utilise sans même y penser le shampooing en dosette que lui procure l'hôtel, avant que de s'affaler sur son lit pour regarder s'il y a autre chose que du billard sur le câble.
Les hôtels, même les meilleurs, lésinent pourtant sur la qualité de ce produit. Je passe sur ce que l'on trouve aux Citadines (oui, j'étais là bas). A la couleur près, on dirait de l'amaretto. Ce n'est pas bon pour l'estomac : cela n'est certainement pas bon pour les cheveux.
Les Sheraton, oui, même les Sheraton, laissent à désirer. De l'autre côté de la Manche, shampooing et gel douche sentent le bonbon anglais. Étonnamment, à New York, ces divines odeurs font la place à des pâtes jaunâtres qui ont l'odeur et la consistance de la graisse d'oie, sans le foie gras dans la savonnière, hélas !
Lorsque l'on pénètre dans un Méridien, cela va mieux. J'avais à Douala du savon Hermès. Le personnel étant ce qu'il était, il ne me fut livré que le 3ème jour. C'est pas mal, « eau de fleur d'oranger », mais ça décape un peu la figure. Le nirvana du shampooing, c'est à New York, au Parker Meridien que je l'ai découvert.

Tenez-vous bien...
D'abord, deux savons. Un au bord du lavabo, d'un bleu délicat, pour le visage. Un dans la douche, jaune translucide, pour le corps. Un shampooing, un après shampooing, et un « body lotion » que j'utilisais, philistin que je suis, comme crème pour les mains.
Comble du raffinement, le shampooing variait avec les saisons ; j'ai pu connaître le shampooing d'hiver, à l'odeur de petit beurre, puis celui de printemps, qui sentait bon le chèvrefeuille et l'herbe coupée. Mentionnons au passage l'après-shampooing aux odeurs d'agrumes, et la « body lotion » qui était clairement à la mandarine.
« Syence » était le nom de la maison qui produisait ces fabuleux produits. J'ai passé, de retour à Paris, des journées entières à chercher comment me les procurer. J'ai parcouru les sites web, les parfumeries, les instituts de beauté, jusqu'à l'exquis Carita et son soin régénérateur du cheveu à 87 euros. Mieux que ça, il n'y a que le Concil ProV aux extraits de Bunignure d'Hydroquinone (le produit qui *révèle* le NOMiste en vous).

Puis je les ai trouvés, mes produits bien-aimés, sur syence.com, tout simplement. J'ai découvert alors d'autres plaisirs, l'exfoliant au miel et aux amandes, la lotion nettoyante qui sentait la pistache.
Il y a eu comme un effet petite madeleine ; et lorsque j'utilise ma grande bouteille du shampooing des 4 saisons du moment, je me transporte en esprit dans la chambre 3231, et je m'imagine que m'attend, un dévalement d'ascenseur plus bas, mes eggs benedict chez Norma (les « upstream », avec du saumon). Ce n'est pas tout Combray dans ma salle de bains mais presque.
Une chose est certaine : il y a moins cher, il y a plus facile à trouver ; mais, je dois l'avouer, le DOP cher aux catholiques traditionalistes me faisait craindre d'avoir, dix ans plus tard, une tignasse aussi revêche qu'un tampon jex. Merci donc, Syence et le Parker Meridien, d'avoir sauvé ma chevelure, avec laquelle je compte bien aller au paradis. Un Ancien n'a-t-il pas écrit : « nous voulons des cadavres qui sentent bon » ?

On peut trouver les produits Syence sur www.syence.com. Le paiement en euros est possible. On peut également les trouver sur www.amazon.com (en dollars, mais je gage que la livraison est plus rapide).

Nelly
- parce que je le vaux bien

22/06/2004
Nelly Achlaw

Tags : Insolite




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