La colère de Dieu (Urs von Balthasar)



La colère de Dieu (Urs von Balthasar)
Cette « colère » n’est pas un « comme si », mais la pleine réalité : elle est un non catégorique de Dieu au comportement adopté en face de lui par le monde. Dieu se doit à lui-même et à la justice d’amour de son alliance, de prononcer ce non et de le maintenir aussi longtemps que sa volonté ne sera pas accomplie sur la terre comme au ciel. Que pourrait ici réaliser « le sang des boucs et des agneaux » ? Des cérémonies d’expiation qui ne servent qu’à réveiller périodiquement le souvenir du péché (He 10,4.3) ? Déjà le Dieu de l’Ancienne Alliance avait déclaré qu’il ne désirait pas cela mais seulement « l’esprit brisé, le cœur brisé, broyé ». Mais qui peut cheminer sous cette colère, de telle sorte qu’elle soit apaisée ? Non pas le pécheur, car celui-ci excite la colère, tant qu’il est pécheur. Il ne reste pas d’autre réponse que celle qui est donnée par l’Ecriture de l’Ancienne Alliance et de la Nouvelle Alliance : celui qui est sans péché, qui « n’a jamais fait de tort ni de sa bouche proféré de mensonge. Yahweh s’est plu à l’écraser par la souffrance, s’il offre sa vie en expiation.. » (Is 53,9-10). Ce qui choque dans cette pensée, c’est l’idée de substitution.
Le paradoxe n’est pas éludé dans l’accomplissement de la nouvelle Alliance : Jésus est cet homme sans péché qui offre son âme propre, c’est à dire toute son existence (« son sang ») comme victime intègre et sans tache.
Mais pourquoi cela doit-il être efficace pour tous les autres ? Pour le comprendre, on ne sera guère aidé en définitive par une théorie juridique de l’imputation (les mérites de celui qui est pur sont comptés aux pécheurs), ni par une théorie physique de la solidarité (en vertu de l’Incarnation, Jésus représente toute la nature humaine devant Dieu), mais uniquement par l’idée néo-testamentaire de l’amour divin qui, par amour, prend sur lui les péchés du monde. Cet amour doit être double : l’amour de Dieu le Père, qui permet à Dieu le Fils d’aller, dans l’obéissance absolue de la pauvreté et de l’abandon, là où il ne peut plus être que pure réceptivité pour la « colère » divine ; et l’amour de Dieu le Fils qui, par amour, s’identifie à nous pécheurs (He 2,13)..

Hans Urs von Balthasar, La gloire et la croix, Théologie, p.179


11/04/2003
Sombreval





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