Le rassemblement d'Austerlitz

De la chardonette au symposium



Le rassemblement d'Austerlitz
La "Nuit Blanche à Paris" ou "le deuxième rassemblement des œuvres catholiques", il faut choisir. Le Fun delanoesque ou le Fun saintpiediste. La jeunesse dégénérée ou la jeunesse éteinte. Des couples nuls, des gourgandines déchaînées, la racaille, des chasseurs traquant les nymphettes des rues, ou alors des familles nombreuses, des filles seules et tristes, des séducteurs désœuvrés, les prêtres de la Fraternité à la fière allure, des religieuses joyeuses, des fidèles âgés. Selon les organisateurs, ces deux manifestations ont remporté un grand succès. Pour Nuit Blanche à Paris, des rues noires de monde, des sites pleins à craquer ; pour le rassemblement, des allées encombrées de fidèles enthousiasmés, des stands envahis, des émeutes évitées de justesse lors des séances de dédicace.
Catholique fidèle j’ai opté évidement pour la manifestation n°2. J’étais donc en pleine forme pour cet événement considérable qui marquait la fin du Symposium international de théologie. Mon attention n’allait pas faillir un instant pendant les conférences des différentes sommités de la Fraternité. Mais revenons d’abord en arrière. Sur le chemin d’Austerlitz en effet une inquiétude a surgi en moi. D’après mes savants calculs, la probabilité de rencontrer une chardonnette occasionnelle durant ce Rassemblement était quasiment nulle. La chardonnette occasionnelle n’honore jamais de sa présence les rassemblements festifs de la fraternité. J’étais mortifié. Il restait les chardonnettes fidèles. Aucune chance hélas de les séduire. Les reluquer équivaut à un crime contre l’humanité. J’allais donc devoir rester sage durant toute la journée. Tant pis.
Pour les néophytes déconcertés par ces distinctions apparemment insignifiantes mais qui sont en fait de la plus haute importance, je renvoie au glossaire regroupant les concepts sombrevaliens et autres...

J’ai donc déambulé tristement dans les allées, puis je me suis rendu à la conférence de l’Abbé Lorans. Celui-ci nous a rappelé qu’avec Vatican II, l’anthropocentrisme se substitue au théocentrisme, le pastoral au religieux. En fait, selon lui, Vatican II est un « concile dogmatiquement pastoral », un concile pastoral sans la discipline des définitions rigoureuses propres à un concile dogmatique. Il a eu cette phrase : « Le modernisme est la seule hérésie qui ne fait pas schisme mais qui occupe l’Eglise». La conséquence c’est que « les schismatiques de la FSSPX doivent être exclus, tenus à l’écart de l’Eglise occupée ». L’abbé de Tanouärn a ensuite pris la parole. Il s’est réjoui que les fidèles venus en grand nombre communient avec l’enthousiasme des 64 prêtres du Symposium, regroupés dans 6 commissions différentes qui se sont toutes entendues sur un diagnostic commun : l’enseignement du concile Vatican II est manifestement anti-catholique. Vatican II a voulu apporter sa contribution au grand mouvement de libération de l’humanité. L’idée qui ressort de tous les textes, c’est que « l’Eglise n’est pas l’Arche du Salut mais seulement une institution qui doit se mettre au service de l’humanité et de la conscientisation de cette humanité. L’Eglise devient un « vecteur », un moyen, au service de cette humanité. D’un ton goguenard, l’abbé affirma que la cause de l’implosion de l’Eglise c’est que « le troupeau des fidèles n’est plus dirigé par des bergers, mais par des moutons ». On assiste donc bien à une autodestruction de l’Eglise. Mais dans les déluges, «Dieu préserve toujours des Arches de salut». La «FSSPX est l’arche liturgique de notre sanctification. Elle est l’instance critique, voulue par Dieu, des déviations doctrinales de l’Eglise […] L’Eglise pour son honneur garde une instance critique. C’est possible car la FSSPX ne lui est pas liée juridiquement».
Puis ce fut au tour de l’abbé Laguérie qui, dans un registre martial, s’est attaqué à l’inversion radicale des fins opérée par Vatican II. A plusieurs reprises l’abbé s’est embrouillé avec ses concepts : l’Eglise au service de Dieu, l’Eglise de Jésus-Christ, l’Eglise au service de l’homme…D’abord, il a défini la religion comme une relation que l’on nourri avec Dieu. Mais puisque Vatican II postule un changement radical de l’homme, ce lien a dû changer. L’abbé Laguérie a souligné les grands traits du texte commun adopté par les 64 prêtres du Symposium. « Le symposium s’est-il exclamé offre une clef d’interprétation unique de ce que l’on voit sous nos yeux ». Vatican II a posé les bases d’une religion nouvelle basée sur l’exaltation du genre humain et qui vise à son unité chimérique. Le royaume de Dieu coïncide maintenant avec le genre humain tout entier et l’Eglise n’en est qu’un signe.
Le clou du spectacle, ce fut l’intervention de Mgr Williamson. Selon lui, «l’entreprise de ce maudit Concile consiste à concilier l’inconciliable». Mais «la Vérité fait la force de la Fraternité. Elle ne suit pas le grand mouvement d’apostasie», au rebours des hauts prélats de Rome, le Cardinal Ratzinger par exemple, dont « l’intelligence ne fonctionne pas et qui suspend le principe de non-contradiction.». Les romains selon lui « prient, mais avec une intelligence en déliquescence ». «L’apostasie des apostats a–t-il ajouté donne le pouvoir aux ennemis de la Vérité». C’est alors que Monseigneur Williamson s’est exclamé : « Préparons-nous au martyr !», le martyr sanglant s’entend. Mgr Williamson a profité de cette allusion sanglante pour établir une distinction heureuse entre le «martyr sanglant» auquel beaucoup de fidèles de la Fraternité sont appelés et le «martyr sec» que constitue à ses yeux le mariage. Il a ainsi lancé un appel aux jeunes gens qui ne veulent pas se marier. Il faut se marier s’est-il écrié, «l’avenir de la Tradition en dépend»…

Le martyr sec avec une chardonnette occasionnelle ou une chardonnette fidèle ? Affreux dilemme…



07/10/2004
Sombreval

Tags : FSSPX




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