Fonds Frank-Duquesne
Extrait du dernier texte rédigé par l’auteur en mai 1955. Intitulé « La Transphysique », il devait être lu au cours d’une conférence à l’Abbaye de la Cambre. L’écrivain y passe en revue les acquis expérimentaux de trois sciences exactes : la psychologie, la biologie, la physique.

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Il se dit couramment que la nouvelle physique, surtout en ses applications nucléaires, est en soi bienfaisante, pourvu qu’on en tire des applications pacifiques. Je crois tout le contraire. Vous savez ce que la théologie classique appelle les «dons préternaturels». Ils ne perfectionnent, n’achèvent la nature, que dans sa propre orbite. Ils ne nous introduisent pas dans une sphère transcendante : celle de Dieu, de la sur-nature. Ils procurent à l’homme une intégrité strictement naturelle – par exemple le don de parfaite science cosmique, d’empire totale sur la matière, d’échapper à la maladie, voire à la mort. Diekamp écrit : «Ces dons libèrent la création des lacunes inhérentes à sa nature et la parfont, sans l’élever à un ordre transcendant». Ces dons préternaturels, qui restent des dons, la tradition catholique, comme la juive, nous enseigne qu’ils nous ont été ravis par la Chute. Ils représentent la teneur concrète de ce Paradis terrestre dont le «glaive tourbillonnant» des Chérubins protège contre nos incursions le «chemin menant à l’Arbre de Vie» éternelle (Gen, 3:24).
Cette « épée flamboyante » dont la Franc-maçonnerie affirme rechercher le secret, littéralement (dans l’hébreu de la Genèse) cette «épée tournant à toute vitesse ça et là», la Kabbale y voit le symbole du «monde intermédiaire», énergétique, c’est-à-dire, de toutes les forces occultes et «subtiles». Elle est pour Eliphas Lévi, «le grand agent magnétique universel, l’Od, la puissance transformatrice de la matière». J’ai l’intime conviction que la science d’aujourd’hui, en fissurant l’atome, en désintégrant ce que la création avait pour but d’intégrer, fait le jeu de cet orgueilleux Esprit, préposé d’abord par Dieu au gouvernement de la matière, puis déchu, précipité, désormais l’ennemi juré de la création sensible et inspirateur de tous les dualismes contempteurs des formes visibles. Je suis moralement certain qu’elle tente de désarmer les Chérubins, de leur ravir «l’épée tourbillonnante», cette extraordinaire image du monde atomique, tout en vibrations crépitantes, en orbites électroniques, en flamboiements de quanta….
Même «pacifique», cette science est de Bélial. Et déjà les faits me donnent raison. Je ne peux vous en brosser qu’une esquisse extra-sommaire, et se bornant aux phénomènes matériels, tels qu’ils s’amorcent déjà. Rappelez-vous les divers «signes de la fin» énumérés dans les Evangiles synoptiques et dans l’Apocalypse. Il y aura, sans arrêt et sans répit, des «guerres et des rumeurs de guerre» – nous dirions aujourd’hui des guerres «chaudes» et «froides». Sur toute vie terrestre pèsera la menace permanente de répressions massives. Il y aura des persécutions contre l’Eglise, des scandales dans l’Eglise ; les faux prophètes de l’occultisme et de la métapsychique, du scientisme affublé d’oripeaux chrétiens séduiront même les élus, c’est-à-dire, nous, les baptisés. La charité du Christ, amour héroïque, personnel et sacrificiel – comme celui de Dieu – se refroidira, dégénèrera en philanthropie tiède, humanitaire ; elle tentera de trouver des excuses à la frénésie des sans-lois et de comprendre la malice, la perversité. Sa capacité de sacrifice se traduira par les impôts permettant à d’autres, dont ce sera le métier, d’effectuer par procuration, sans amour, les œuvres de l’amour. Je dis tout cela au futur, mais ne ferais-je pas mieux de parler au présent ? La magie, devenue technique, permettra de répandre l’Evangile «jusqu’aux extrémités de la terre» sans que les mauvais apôtres aient à meurtrir leurs délicats orteils. Et alors viendra la fin.
C’est vraiment « l’abomination désolatrice » du sanctuaire secret, où le Souffle vivifiant du Créateur Se répand et manifeste à travers la création, que cette destruction du noyau atomique, que cet éclatement de la force à quoi le monde doit, en ce qu’il a de plus élémentaire, sa cohésion et sa consistance (St Paul nous dit que dans le Christ associateur, « toutes choses ont leur cohésion », en l’homme de demain, elles auront leur dissociation)
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Rédigé par Sombreval le Vendredi 5 Janvier 2024 | {0} Commentaires
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